Il faisait particulièrement beau ce jour là. Les gens étaient de sortie et profitaient des plus beaux rayons de soleil. Si New-York n'était pas la plus belle ville au niveau de la détente et du paysage, à la belle époque rien ne valait cette destination touristique. Il y avait tant de choses à voir, tant d'éléments à découvrir.
Curtis était maintenant ici depuis deux jours. Prenant son temps, il continuait sa petite pause touristique plutôt que de se mettre au travail immédiatement, même si déjà il avait prit des engagements. Bien sûr, c'était une façon de parler : il était libre et ne faisait que ce qu'il voulait. Cela n'avait qu'un seul et unique but, s'auto-satisfaire. Il errait donc un peu partout, flânait auprès des magasins, fixant chaque personne qu'il croisait. Parmi tous, il y avait forcément quelques individus qui étaient particuliers, des individus spéciaux, extraordinaire. C'était eux qui intéressaient Curtis, c'était pour eux qu'il déambulait dans la rue, c'était pour eux qu'il avait accepté l'offre de Nathan Petrelli, le sénateur de la ville. Pour eux ? Pas vraiment, surtout pour leur énergie.
S'il pensait pouvoir ramener Sylar à la raison, il n'en avait pas moins perdu de vue que le plus important c'était lui avant tout. Désormais, cette ville était son terrain de chasse, son plateau de jeu, jeu qu'il allait naturellement gagner.

Quoiqu'il en soit, après quelques temps à ne rien faire, Curtis décida d'errer dans les petites ruelles. Il avait besoin de satisfaire une envie et quoi de mieux qu'un petit voyou pour le satisfaire ? Personne ne se plaindrait de sa disparition, de son extinction, et c'était dans ce genre d'endroit que l'on les trouvaient plus facilement. Seulement, la ruelle qu'il prit à cet endroit ne le menait pas à un cul de sac comme il l'imaginait, mais à un petit parking vide, caché de tout regard. Ce qu'il y vit emballa son coeur, accéléra sa respiration : une fille était là, devant une voiture, elle ne bougeait pas. Ce qui était anormal c'était que, sur cette voiture, il pleuvait. Curtis leva les yeux au ciel : un seul nuage, pile au dessus du véhicule, le reste était d'un bleu clair sans pareil.

Ø Eh bien...on dirait bien que c'est mon jour de chance... ø

Le hasard avait décidé de l'amener ici. C'était probablement le même hasard qui l'avait fait rencontré Nathan. Finalement, il n'aurait peut-être pas besoin de faire du mal à un quelconque voyou.
La fille, qui lui tournait le dos, se mit soudain à bouger et le nuage disparu. Pouvait-elle réellement contrôler les nuages ? C'était insensé, il devait sûrement falloir une impressionnante puissance pour réaliser une telle chose. Le mieux était d'en avoir le coeur net.

Curtis se racla la gorge, afin de signaler sa présence. D'un geste de la main, il enleva les lunettes de soleil qu'il avait du son visage pour les mettre dans sa poche.

- Wow! Tu devrais laver les voitures sur la 5th avenue, je crois que tu te ferais beaucoup d'argent !

Imaginant parfaitement qu'elle risquait d'avoir peur à cause du fait qu'il soit là à un moment où elle utilisait ses pouvoirs, Curtis s'empressa de rajouter :

- N'aies pas peur surtout, je ne te veux pas de mal. Je sais que certaines personnes ici ont des capacités surprenantes et toi tu as l'air...

Il ne termina pas sa phrase parce qu'une question le dérangeait vraiment, du coup c'est celle-ci qui prit place à la suite de ses mots :

- Tu contrôles v-r-a-i-m-e-n-t les nuages ?

Il lui lança un regard interrogateur, gratifié d'un sourire en coin.

L'homme sourit à la réponse de la jeune fille. Elle ne semblait vraiment pas fière d'elle et lorsqu'il lui avait demandé de ne pas avoir peur, cela n'avait fait qu'accentuer les choses. Il était vrai quelque part que c'était la phrase idéale pour faire peur à quelqu'un, tout comme l'on pourrait dire "surtout ne regarde pas en bas" à quelqu'un qui avait le vertige et se trouvait en altitude.
Curtis s'avança légèrement, écoutant ce qu'elle lui disait. Ou plutôt, celle qu'elle essayait de lui dire. Naturellement, et on aurait pu s'en douter, elle commença par nier, finalement elle lui dit que c'était "normal". Curtis leva les yeux au ciel, comme s'il cherchait un autre nuage. Et effectivement, il y en avait un, mais pas seulement, de nouveaux arrivaient. C'était probablement dût au fait qu'elle avait peur ou qu'elle était honteuse, il ne savait pas trop.

- Normal ? Hum... oui c'est une façon de voir les choses. Les gens comme nous sont normaux d'une autre manière, on reste humain, je te l'accorde.

Il avait volontairement appuyé sur le mot "nous" pour qu'elle comprenne qu'il s'incluait dedans. Curtis, pour lui démontrer que lui aussi savait faire des choses, sortit de sa poche une cigarette. Il l'a mit dans sa bouche et plaça sa main au devant : une flamme apparue alors et alluma l'objet avant de disparaitre.

- C'est un don du ciel...enfin surtout pour toi puisque tu contrôles les nuages , mais tu devrais faire attention à l'endroit où tu les utilises...

Il se rapprocha d'elle, n'étant plus qu'à un mètre de la jeune fille extravagante. Là, il se pencha vers elle et lui chuchota à l'oreille :

- Il y a malheureusement des gens qui ne nous veulent pas que du bien...

Il se redressa sur toute sa hauteur et lui fit un clin d'oeil pour la mettre en confiance. Evidemment, être abordé ainsi par un inconnu cela ne devait pas être très rassurant dans un premier temps. Mais Curtis était quelqu'un de plutôt charismatique et il arriverait sûrement à la mettre en confiance.
Il passa à côté d'elle puis posa son dos contre la portière de la voiture qu'elle venait de nettoyer. Croisant les jambes, il regarda la jeune fille : elle avait un sac de cours, cela signifiait qu'elle était encore étudiante. Elle devait avoir entre 15 et 16 ans, peut-être un peu plus.

- Je m'appelle Curtis, et toi mademoiselle averse ?

Il lui fit un sourire qui se voulait rassurant. Il devait en savoir plus sur elle et sur ses capacités.

Curtis observa la fille de haut en bas, analysant le moindre détail, le moindre pli de vêtement. Chaque élément, même le plus anodin de tous, était révélateur d'une facette de notre personnalité. Elle semblait plutôt négligente, ce qui c'était passé ici ne faisait que le confirmer. Elle devait être du genre à ne vivre que pour elle sans se soucier de quoique ce soit, fuyant les responsabilités qu'elle aurait forcément à endosser dans l'avenir.

¤ Ou pas...du coup... ¤

Elle semblait assez nerveux et ses yeux bougeait rapidement, signe qu'elle réfléchissait ardemment. Petit à petit elle sembla se calmer un peu, comme si elle reprenait ses esprits. Curtis leva les yeux au ciel, les nuages s'éloignèrent les uns les autres, avant de se dissiper doucement. Le soleil se fit alors plus fort, le vent se calma. Le contraste entre le moment où il y avait du vent et des nuages et celui où tout se calma fut si fort que l'homme fut prit d'un doute.

¤ Et si... non, je ne pense pas que cela puisse exister...¤

- Enchanté Idgy. Ca fait plaisir de croiser des gens comme moi, comme nous, c'est pas souvent...

Il lui adressa un sourire. Fixant un instant le sol, il releva les yeux, cherchant un objet assez proche et si possible inflammable. Par chance, des caisses de carton étaient accumulées dans un coin. Curtis jeta un coup d'oeil à gauche, puis à droite : personne. Il tendit alors le bras vers les boites, fronça les sourcils et se concentra. Il commençait à sentir des picotements au bout des doigts : il avait encore du mal à maitriser parfaitement ce pouvoir. Des jets de flammes jaillirent avec difficulté, comme des étincelles. Curtis dût se forcer psychologiquement pour enfin parvenir à un jet qui alla se loger au milieu des boites : rapidement celles-ci prirent feu. Il sourit, satisfait.
Il bougea à nouveau la main, n'utilisant cette fois que deux doigts, il donna un petit coup sur la gauche et l'une des caisses de carton alla s'écraser contre le mur avant de s'éteindre.

Se tournant vers Idgy, Curtis lui confia :

- Moi mon truc, c'est le feu et le déplacement à distance.

Il replaça son bras le long de son corps avant de finalement décider de croiser les bras, prenant une allure plus décontractée.

- Et toi alors, mademoiselle averse ? Tu sais faire autre chose que faire tomber la pluie ? Oh, bien sûr j'imagine bien que vu ton âge tu ne sais presque rien faire...

¤ En espérant qu'elle soit sensible sur le sujet de la maturité et qu'elle veuille me montrer ce qu'elle sait faire pour me prouver qu'elle n'est pas aussi "nulle" que ça... ¤

Idgy semblait réfléchir beaucoup. Un peu trop au goût de Curtis qui voulait la mettre dans une position de confiance. Elle n'avait pas fuit, c'était déjà un bon début et l'homme apréciait : cela lui était déjà arrivé que certain fasse le choix de courir le plus rapidement possible, fuyant l'incompréhension et la peur d'être face à un homme tout aussi spécial qu'eux. L'être humain avait peur de la différence par nature, depuis toujours il y avait eu des ségrégation : noirs, idiens, juifs etc... Mais avec les pouvoirs c'était encore différent. Pourquoi ? Eh bien parce que non seulement les gens normaux avaient peur d'eux, et donc cela se traduisait par de la violence, mais en plus les spéciaux eux-même avaient peur les uns des autres parce qu'ils ne se comprennaient pas.
L'évolution...Dans quel but ? Quelles étaient les données de l'équation qui permettaient à la nature de choisir un individu plus qu'un autre ? Pourquoi étaient-ils sur terre ? Devaient-ils accomplir une destinée, suivant la trace intrépide de leurs héros favoris ? Devaient-ils sauver des vies afin de se racheter pour un passé douloureux et difficile à assumer ? Ou devaient-ils somber dans le mal et la violence, comme s'il s'agissait d'une punission divine ? L'éco-système était fait de telle façon que chaque être ait son prédateur, chaque prédateur ait sa proie : c'était le cycle de la chaine alimentaire. Mais avec les pouvoirs, les spéciaux ne devaient-ils pas des prédateurs pour les autres ? Ou alors est-ce que les autres en faisaient des proies en choisissant de les pourchasser et de les enfermer ?

Un silence était tombé suite à sa question. Finalement la jeune fille lui avait répondu, non sans difficulté, qu'effectivement elle savait contrôler la pluie mais qu'elle n'avait aucune idée de si elle pouvait faire autre chose. Elle mentait, Curtis le remarqua tout de suite.
Il leva les yeux au ciel, réfléchissant à toutes les possibilités, à toutes les manières possibles de venir faire tomber la pluie. Il sourit, évidement que non, elle ne savait pas faire que ça, c'était évident.

- Tu n'as pas a avoir peur de moi...Tu sais, pour faire venir des nuages comme ça, il te faut contrôler le vent, c'est une chose. Il te faut contrôler la condensation, transformer des solides en liquides, du gaz en substance...alors non, tu ne sais pas faire que ça, tu le sais aussi bien que moi.

Curtis se demandait combien d'énergie il fallait pour parvenir à un tel résultat. Créait-elle les nuages sur place ? Venaient-ils d'ailleurs ? Si elle contrôlait le vent, les dépressions et l'eau qu'il y avait dans le ciel, cela signifiait qu'elle pouvait également créer des tempêtes, des tornades ou même pire. Son pouvoir était puissant, seulement puisqu'elle était jeune elle n'en avait peut-être pas conscience.
Le mieux pour Curtis aurait été d'attendre qu'elle grandisse, qu'elle gagne encore en énergie, mais il n'avait pas ce temps à sa disposition et puis...il n'était pas sûr de la retrouver un jour.

ø Elle peut contrôler les éléments du temps... ø

Fixant la jeune fille, il lui dit, essayant de parraitre comme quelqu'un faisant une confession :

- Tu sais, je passe mon temps à rencontrer des gens comme toi... Je sais à quel point ce n'est pas facile, mais crois moi, ton pouvoir est grand...je pense que tu peux créer bien plus que de la pluie. Tu pourrais faire des tornades, des orages, des canicules, des moussons...ton pouvoir est puissant, plein d'énergie.

Curtis écouta les propos de la jeune fille avec attention, il cherchait à cerné les moindres détails de son caractère. Pourquoi ? C'était une bonne question. Pour lui il s'agissait d'un entrainement psychique : voir comment les gens évoluaient, leurs réactions, leurs propos, leur histoire et toutes ces choses qui faisaient qu'un être était ce qu'il était. Il aimait connaitre un minimum ses victimes...Oui, victime. Idgy en était une. Elle ne le savait pas encore mais d'ici quelques minutes elle serait étalée par terre et morte. L'homme n'aimait pas tellement s'attaquer à des enfants, ou jeune adolescent, il trouvait cela assez peu louable...Mais Idgy avait un pouvoir qui demandait une véritable puissance et il devait être source d'une grande énergie.

- Non je ne suis pas d'accord. Nos pouvoirs sont là et doivent être exploités. Nous n'avons pas à les brider, cela serait une perte, un gachis...personnellement mes pouvoirs amplifient de jours en jours et jamais je ne leur metterait de limite !

Son regard s'obscurcit un peu, tombant vers le goudron. Puis, soudain, un sourire se dessina sur son visage et relevant la tête, on pouvait voir que ce voile obscur avait laissé place à une lueure enfantine, celle de la personne ambitieuse et déterminée, pleine d'espoir surtout. Il avoua à Idgy :

- Un jour j'atteindrai le niveau d'un dieu et les gens devront bien me reconnaitre comme tel !

ø Et alors peut-être que je réssuciterai les morts... ø

C'est alors que, suite à cette révélation, Curtis se décolla de la voiture sur laquelle il était appuyé. Il passa à nouveau devant Idgy, puis recommença, la fixant comme s'il cherchait quelque chose en particulier. L'attitude d'un prédateur devant sa proie. Finalement, il s'arrêta devant elle, regarda à gauche, puis à droite : personne. Ses yeux se posèrent alors sur ceux de l'adolescante extravagente.

- Tu te souviens, mademoiselle averse, quand je t'ai dis que je ne te voulais aucun mal ?

Il s'approcha légèrement d'elle et chuchota, sur un air de confidence :

- J'ai bien peur que ce soit un terrible mensonge :/

A ces mots, il leva le bras droite qu'il dirigea vers la gauche : Idgy fut projeté contre l'un des murs qui se trouvaient non loin. Avec son deuxième bras, tenant toujours le premier en l'air pour élever la jeune fille du sol, il commençait à exercer une pression sur sa gorge. Il dit alors, sa voix étant devenue plus sèche et froide :

- Je dois t'avouer que j'avais pensé à faire en sorte que cette voiture toute propre t'écrase contre le mur...mais finalement je vais te faire l'honneur de mourrir un peu plus dignement...

ø Si on considère que la strangulation est plus "digne"... ø

Déjà, dans le ciel, l'on pouvait voir des nuages s'accumuler, probablement à cause des émotions provoquées chez Idgy.

Curtis tenait toujours son bras en l'air, son regard avait changé, un voile s'était abattu sur ses yeux, à la fois obscure et profond, comme le trou noir témoin d'une blessure du passée.
Serrant son poing de plus en plus, afin que cette force invisible écrase petit à petit la gorge de sa proie, l'homme se rapprochait, histoire de garder le contrôle au maximum. A la base il n'aimait pas l'idée de s'attaquer à une jeune fille, mais finalement il devait avouer qu'elle était si faible...c'était assez plaisant. Devoir choisir nous-même si l'autre doit vivre ou s'il doit mourir, tenir quelque chose dans ses mains ayant une telle conséquence, cela nous offrait une sorte d'importance : ce qui était sûr c'était que notre passage sur terre avait au moins eu une conséquence.

- Lorsque tu rendras ton dernier souffle, je te prendrai toute ton énergie, soit fière tu auras participé à mon ascension, à ma montée en puissance !

Il sourit. Visiblement il était fier de lui. Seulement, au moment où il s'y attendait le moins, son bras fut tiré vers le bas. Cela eu la conséquence immédiate de faire tomber Idgy au sol, libérée de ce poids écrasant qui lui coupait les voies respiratoires.
Curtis eut à peine le temps d'entrevoir la jeune femme qui venait de l'interrompe qu'il se prit un violent coup de coude dans le nez, il tomba au sol. Cette femme devait avoir l'habitude de se battre parce qu'elle n'avait pas hésité un instant, du moins il le croyait, et savait qu'il ne fallait pas mesurer sa force dans de telles circonstances.

Curtis resta un moment au sol, encore sonné. Après avoir reprit ses esprits, il se releva tout doucement : la jeune femme lui tournait le dos, car elle s'adressait l'adolescante, se renseignant sur sa santé et lui disant de fuir. L'homme en profita donc : avec l'aide de ses deux mains, grimaçant sous la force psychique qu'il devait y mettre, il parvint à bouger la voiture qui était garée non loin d'ici. Celle-ci fonça sur la femme, entrainant cette dernière contre le mur. Curtis arrêta la voiture de façon à ce que l'inconnue se retrouve bloquée, légèrement écrasée entre le mur et le parchoc du véhicule, mais pas suffisement pour risqué de la tuer. Son but était uniquement de l'immobiliser.

Curtis monta ensuite sur le coffre, puis passa sur le toit, et arriva enfin sur le capot avant, il s'assit alors en tailleur dessus, faisant face à la femme.

- Tiens donc, elle ressemble à ça alors Superwoman ? L'héroïne des new-yorkais en danger ? Je m'attendais à plus...

Ses yeux inspectèrent l'inconnue du visage au bassin, là où s'appuyait la voiture.

- ... sexy... :/

Curtis tourna alors la tête pour vérifier qu'Idgy était toujours là, il ne voudrait pas qu'elle s'enfuit. Remarquant la fille à la chevelure éclatante dans un coin, il fit apparaitre au bout des doigts de sa main droite, des flammes. Sa main ainsi en feu, il l'approcha du visage de la femme qui l'avait interrompu, comme un malfaiteur aurait braqué son arme sur un otage.

- Bien...et maintenant...on fait comment, mesdames ? J'ai d'un côté ma proie qui m'attend, ou du moins l'énergie de son pouvoir m'attend, et de l'autre une femme qui veut jouer les héroïne, mais qui a oublié que l'on était dans la vraie vie et pas dans un film...

Un sourire mesquin s'étira alors sur son visage.

Curtis, toujours assis sur la voiture comme s'il était en train de discuter à une bonne amie, sourit à la première réplique de la jeune femme. A la fois piquante, sèche et bien envoyée malgré la situation, elle avait visiblement un sens de la répartie. Curtis adorait ça. C'était tellement plus amusant et plus intellectuel.

- Oh, ne sois pas si grossière. Je plaisantais pour détendre un peu l'atmosphère... Cela dit j'aime qu'une personne me bottant le cul soit un minimum attirante...

Il continua un peu plus bas, le disant sur le ton d'un faux aveux :

- Je suis un peu masochiste sur les bords

Lorsqu'il évoqua la notion d'énergie, Curtis vit à ses yeux qu'elle ne comprenait. Logique vu la situation, d'ailleurs il trouvait étrange le fait qu'elle n'ait pas réagit en le voyant utiliser ses pouvoirs. Etait-elle au courant que des gens comme eux existaient ? Si oui, cela expliquerait ce qu'elle faisait là, cela ne serait pas un simple hasard. Mais dans ce cas, qui était-elle réellement ? En tout les cas, elle lui fit remarquer qu'Idgy n'était pas particulièrement dans son meilleur état. Il tourna la tête en direction de la jeune fille flamboyante avant de fixer à nouveau son interlocutrice, riant légèrement, visiblement amusé par ses propos.

- Je ne parlais pas de son énergie physique...si c'était cela qui m'intéressait j'aurais plutôt attaqué un athlète, j'ai un minimum de jugeote, malgré ce que tu peux imaginer.

Il arrêta ses explications ici. Il ne voulait pas lui en dire trop, après tout en quoi cela la regardait-elle ? Surtout si l'on tenait compte du fait qu'elle allait bientôt mourir. Elle aurait mieux fait de lui mettre une balle dans la tête rapidement au lieu de se contenter d'un coup de coude, avec lui cela aurait été plus efficace. Seulement, elle ne l'avait pas fait et risquait d'en subir les conséquences. Curtis avait horreur d'être dérangé en pleine action.

Mais alors qu'il s'y attendait pas du tout, la femme lui proposa de passer un marché, lui expliquant qu'elle connaissait des tas de gens comme lui. Comment pouvait-il la croire ? C'était une tentative classiquement désespérée d'une personne face à la Mort, ses victimes lui avaient déjà proposé des tas de choses pour être épargnées : argent, service, pouvoir, sexe etc...
Il fallait tout de mettre admettre qu'elle était au courant pour l'existence des pouvoirs, puisqu'elle avait utilisé elle-même le mot. Ou alors elle était timbrée d'avance et trouvait ce qu'elle venait de voir "normal" alors que c'était la première fois, mais il y avait peu de chance pour que ce soit cette hypothèse.

Curtis redressa son dos légèrement courbé.

- Bah voyons...et je suis censé te croire sur parole c'est ça ?

Il se leva, se retrouvant debout sur le capot de la voiture, dirigeant ses yeux vers le bas pour pouvoir regarder la jeune femme qui lui arrivait à peu prés au genou.

- Explique moi pourquoi je devrais te faire confiance et prendre à risque alors que je pourrais choisir la sureté et vous tuer toutes les deux, ici et maintenant ?

Puis, se baissant une nouvelle fois, ce posant cette fois-ci sur un seul genou tandis que son autre jambe était pliée, il approcha son visage à quelques centimètres de la brunette pour lui demander :

- Et surtout...qui-es-tu-toi ? Hein ?

Avec une once de curiosité au fond de l'esprit, Curtis écouta les arguments que lui exposait la jeune femme. C'était digne d'un film : une femme prit au piège qui tente de manipuler quelque peu son agresseur, celui qui avait la décision de choisir si elle continuait sa vie ici, ou non. Elle voulu lui faire remarquer que s'il ne la croyait pas il passait peut-être à côté d'une magnifique occasion et que cela était tant pis pour lui. Il sourit.

- Je suis persuadé que je trouverai d'autres moyens. Je connais quelqu'un qui sait comment les trouver, il est juste dans une mauvaise posture en ce moment mais une fois que j'aurais arrangé ce petit détail...

Il resta un instant perdu dans ses pensées, pendant une fraction de seconde. Puis, il compléta sa réponse, à la manière d'un politicien fasse à son adversaire :

- Et puis j'ai, depuis hier, une situation des plus intéressantes pour les trouver moi-même tout en bénéficiant d'une excuse alors tu comprendras que...toi...limite je m'en fou.

Naturellement Curtis faisait référence au poste que Nathan Petrelli lui avait offert la veille, pensant alors faire confiance à un dénommé Calvin. La jeune femme qui se tenait face à lui ne pouvait pas le savoir et c'était tant mieux. En tous les cas elle s'était vite empressé de tourner sa proposition en dilemme, comme si elle était pressée et qu'elle avait besoin de réponse rapidement. Mettre la pression à celui qui avait le choix, était-ce là aussi un moyen de le manipuler psychologiquement parlant ? Malheureusement pour elle, la psychologie Curtis la connaissait par coeur, c'était grâce à cela qu'il arrivait à survivre dans ce monde: tromper, duper, trahir, charmer, décevoir...tant de choses qu'il savait bien faire. C'est pourquoi il se contenta de lui faire remarquer :

- Je crois que c'est à moi de décider ce que j'ai à faire ou ne pas faire. Tu n'es pas vraiment en position idéale pour faire des propositions aussi catégoriques.

C'est alors qu'elle se mit à rire, visiblement amusée par les propos du jeune homme. Quelques secondes après, elle lui avait fait remarqué que s'il voulait vraiment la tuer il l'aurait fait depuis longtemps au lieu de rester ici à discuter et débattre sur cette proposition. Curtis sourit. Elle n'était peut-être pas aussi maligne que cela finalement ? S'il ne l'avait pas tué tout de suite ce n'était certainement pas parce qu'il n'en avait pas envie, bien au contraire.

- Tss...il ne t'es pas venu à l'idée que c'était simplement parce que j'ai envie de savoir qui tu es et comment tu es arrivée pile au moment où je m'amusais ? Est-ce que tu me suis ? Tu m'espionnes ? Tu travail pour quelqu'un ? Et puis de toute manière, j'adore m'amuser avec mes proies. Demande à miss averse s'il ne m'arrive pas de tuer après une longue discussion ...

Puis il rajouta en riant :

- Ou alors c'est parce que je te trouve séduisante et que cela me brise le coeur à l'idée de t'ôter la vie ...

La jeune femme prise au piège semblait alors vouloir rentrer dans son jeu puisqu'elle se pencha vers lui du plus qu'elle le pouvait, lui parlant doucement en effleurant ses lèvres. Curtis sourit. Décidément elle était pleine de surprises et son caractère était étrangement semblable au sien. Mais dans sa logique, lui s'empressa de la rabaisser en lui répondant simplement, au lieu de broncher :

- Garde tes jeux de sexualité pour plus tard, on est en présence d'une enfant !

Il se leva alors sur toute sa hauteur et sauta de la voiture, se retrouvant au sol. Il se retourna vers celle qui était plaquée de force contre le mur et fini par lui avouer :

- Mais tu as raisons. Je n'ai pas l'intention de te tuer.

C'est alors qu'il se dirigea vers Idgy qui, dommage pour elle, ne s'était toujours pas enfuie, comme si elle était paralysée par la peur, par la situation. Curtis leva le bras et la fille à la chevelure flamboyante s'éleva du sol, soulevé par une force au niveau de la gorge, force qui commençait déjà à gêner de nouveau son système respiratoire. C'est là que Curtis, fixant sa proie, s'exclama à l'intention de la femme qui était prise au piège :

- Tu as voulu sauver cette jeune fille, tu as voulu m'empêcher de faire ce que j'avais à faire. Tu vas donc la regarder mourir devant toi, coincée derrière cette voiture ne pouvant rien faire. Ta protégée va quitter ce monde en constatant que tu es totalement impuissante, c'est triste non ? On pourrait en faire du théâtre lyrique !

La situation semblait véritablement être gérée par Curtis qui avait l'air de savoir où il allait et pourquoi il faisait tout cela. Mais ce qu'il ne savait pas, c'était que si Hellina était là c'était en partie parce que non loin d'ici, deux individus bien armés recherchaient Idgy et n'allaient probablement pas tarder à la retrouver... La seule question était de savoir si elle serait encore vivante ou déjà morte.